Daniel Bastard - dab

L'œuvre de Daniel répond à un besoin existentiel, hérité d'un traumatisme d'enfance : chaque œuvre d'art doit ôter la misère de ce monde, en insufflant un peu de poésie dans l'arbitraire du réel. La production de sens par les images est, en ce sens, une affaire éminemment morale. Et son art est essentiellement politique : chaque série produite par Daniel est une interrogation sur le pouvoir des images qui nous colonisent.

Culte de la personnalité, regard masculin, cartographie arbitraire, effacement des mémoires collectives… Dans un monde saturé de messages formatés et automatisés, le travail de Daniel propose une forme de décolonisation et de réappropriation des images. Et tout en étant en phase avec son époque et son histoire, Daniel ne cesse de réinventer l’art, de rejouer la création. Il ne peut y avoir d’évolution, croit-il, sans éternel retour.

Mais ces préoccupations conceptuelles et éthiques sont brisées par la pratique picturale de Daniel, à la confluence du suprématisme malévitchien et de l'iconoclasme punk. Il choisit précisément le médium le mieux adapté au sujet traité : la vivacité de l'acrylique accentue l'affirmation du sujet, la viscosité de l'huile laisse émerger un récit, les projections de peinture en spray contrecarrent l'intentionnalité de son geste...

Devant son œuvre, chaque spectateur éprouve une familiarité inquiétante et une étrangeté rassurante. Premier, deuxième, dixième degré... Au spectateur de trouver la bonne distance pour se divertir, se déstabiliser ou se revigorer. Plus qu'un voyage, c'est une rédemption.